Quelle est la réaction de la famille de
feu Me Babacar Sèye après la décision prise par les nouvelles autorités
d’abroger la loi Ezzan portant amnistie des crimes survenus au Sénégal de 1993
à 2006, dont l’assassinat de votre père, le
Me Babacar Sèye, ancien président du Conseil Constitutionnel du
Sénégal ?
Notre réaction, c’est celle de cette soif de
connaître la vérité qui anime chaque citoyen de ce pays. Nous ne pouvons que
nous honorer de cette décision que le président a prise pour connaître
réellement la vérité sur ce qui s’est passé. Lorsque cette fameuse loi était en
train d’être votée, nous avions manifesté notre opposition à cette loi
(Ndrl : Ezzan), nous avions marché. J’avais porté le jour du vote de cette
loi, la robe de mon défunt père durant son magistère. Une robe dont j’ai
héritée. Je l’ai portée ce jour-là pour dire non à cette loi que d’aucuns ont
qualifié de loi scélérate. Nous nous sommes opposés à un second assassinat de
notre défunt père. A l’époque j’étais avec la belle mère Gnagna Diouf, mes
frères, mes sœurs, mes cousins. Nous avions manifesté à l’époque notre
opposition à cette loi que l’instigateur avait dit que c’était avec l’aval de
la famille. Il avait donc émis le vœu de voir cette loi-là, qui est une loi de
pardon. Nous n’avons jamais voulu que cette loi-là soit oubliée. Notre position
a été de connaître la vérité sur cette affaire. Nous ne voulions pas mourir
idiots. Il y a des générations qui viendront après nous, il faut que ces
générations puissent savoir, qu’est-ce qui est advenu de leur défunt
grand-père, leur arrière grand-père. C’est un besoin de vérité. Nous ne pouvons
que nous réjouir de cette décision et du vœu émis de rouvrir certains dossiers
qu’on a voulu amnistier. C’est pour montrer que nous aussi nous sommes
d’accord que la vérité jaillisse sur
cette affaire Me Sèye.
Donc la famille de Me Sèye n’a jamais
donné son aval à l’ancien régime pour une quelconque loi d’amnistie ?
Je ne suis pas au courant d’un aval donné à une
quelconque autorité que ce soit pour amnistier ou oublier. Nous avons toujours
été contre l’oubli. Jusqu’à notre dernier souffle de vie nous serons toujours
contre l’oubli. C’est pourquoi, nous avons toujours organisé chaque un mémorial
en son honneur pour perpétuer ses œuvres, ses pensées.
Il avait été question d’indemnisation de
la famille de Me Sèye, qu’en est-il exactement ?
Indemnisation de qui ?
Des enfants, de la famille de Me
Sèye ?
Cette affaire a été jugée, plaidée. Nous avons
toujours manifesté notre volonté de toujours nous battre contre l’oubli dans
cette affaire. Cette histoire était un peu mal venue. Beaucoup d’articles
étaient sur cette affaire qui n’était que contre vérité véhiculée sur le dos de la famille. Je ne
veux pas réveiller de vieux souvenirs. Mais on ne peut pas toujours répondre à
chaque article qui sort concernant cette affaire. C’est très difficile. Nous
avons préféré faire le black out par rapport à toutes ces questions. Nous
savons et Dieu sait. Au plan pénal, on a attenté à la vie d’une auguste
personne, nous avons voulu et nous avons toujours lutté contre le fait de dire
cette affaire doit être amnistiée, elle doit être oubliée. Nous ne pourrions
jamais oublier cette affaire.
HAROUNA FALL
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