vendredi 10 mai 2013

(1ER JET) ENQUETE BLANCHIMENT DE L'ARGENT SALE : 38,5MILLIARDS RETRACES AU SENEGAL


 
Chut on blanchit !

«L’argent circule. Mais c’est l’argent sale qui ne circule pas», avait répliqué le président de la République, Macky Sall, après la prière de la Tabaski à la Grande Mosquée de Dakar aux pourfendeurs de son régime qui soutenaient que depuis qu’il est arrivé au pouvoir, l’argent ne circule pas au Sénégal. Cette sortie du Président Macky Sall pose le problème du blanchiment de l’argent sale. Défini comme étant le processus qui consiste à dissimuler l’origine frauduleuse des revenus nés d’activités illicites, pour ensuite leur donner une apparence de légalité, le blanchiment de l’argent sale prend des ampleurs inquiétantes au Sénégal. Rien qu’en 2011, le rapport de la Cellule de traitement de l’information financière (Centif) a fait état de 38 milliards 500 millions de FCfa retracés au Sénégal. Ce qui représente 10% du budget du Sénégal. Une situation qui a amené le nouveau régime du Président Macky Sall à aller en guerre contre les «blanchisseurs». Dans ce dossier, l'Observateur fait un focus sur le blanchiment : les types, les circuits, les statistiques, les profils et les dispositifs juridiques contre le blanchiment.
 
Qu’est-ce que le blanchiment ?
"Blanchir signifie, par analogie avec le linge, rendre propre. En matière de criminalité financière, il s’agit de rendre propre de toute salissure et de toute impureté l’argent sale provenant d’activités illicites. Dans ce domaine, on a coutume de penser au trafic illicite de drogue chaque fois qu’on parle de blanchiment d’argent sale. C’est que la plupart des sommes blanchies proviennent de trafic illicite de drogue. Toutefois, il est erroné de réduire le blanchiment aux seules activités illicites de drogue. En réalité, le phénomène de blanchiment de fonds constitue l’aboutissement de diverses activités illicites sous-jacentes connues sous le vocable de crimes transnationaux organisés (Cto). Parmi ceux on peut citer :
-Le trafic illicite de drogue, encore dénommé narcotrafic, il désigne l’ensemble des activités illégales liées aux substances psychotropes réglementées par les Conventions des Nations unies de 1961, 1971 et de 1988. On a estimé, en 1995, à 400 milliards de dollars Us par an les sommes générées par le trafic illicite des stupéfiants ; ce qui constitue le double du chiffre d’affaires mondial de l’industrie pharmaceutique, six fois le montant total de l’aide officielle accordée aux pays pauvres et le troisième commerce en importance dans le monde après le pétrole et les produits alimentaires.
-La corruption : c’est la perversion ou le détournement d’un processus dans le dessein pour le corrupteur d’obtenir des avantages ou des prérogatives particulières, ou pour le corrompu d’obtenir une rétribution en échange de sa bienveillance. Elle peut concerner toute personne bénéficiant d’un pouvoir de décisions : personnalité politique, fonctionnaire, cadre d’entreprise, médecin, syndicaliste, etc.
Selon la Banque mondiale, en 2001 et 2002, 1 000 milliards de dollars Us auraient été détournés en pots-de-vin. Pour l’Agence Standard et Poor’s, les investisseurs ont 50 à 100% de chances de perdre la totalité de leurs investissements dans un délai de 5 ans dans les pays à fort degré de corruption.
La contrefaçon : c’est la violation du droit de propriété intellectuelle par le fait de reproduire ou d’imiter quelque chose sans en avoir le droit ou en laissant présumer que la copie est authentique.
L’Omd estime que la contrefaçon est passée de 5,5 milliards de dollars Us en 1982 à plus de 500 milliards en 2005; ce qui équivaut à 7% du commerce mondial
La contrebande de médicaments : le trafic de médicaments est un phénomène international qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Le marché pèserait 75 milliards de dollars Us et serait plus lucratif que la drogue.
Le trafic des armes : estimé entre 200 et 300 millions de dollars Us par an, le trafic illicite des armes équivaut  à 20% du commerce licite. L’Afrique constitue le marché le plus rentable pour la contrebande d’armes. Le trafic des espèces de faune et de flore en voie d’exécution : le trafic international des espèces sauvages représente 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. Actuellement, 5 000 espèces représentent 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. Actuellement, 5 000 espèces animales et 28 espèces végétales sont listées dans des annexes.
La fraude douanière : elle permet d’éluder le paiement des droits et taxes applicables dans un Etat et de contourner les mesures de prohibition. La fraude douanière s’entend au sens large et couvre des domaines variés, parfois pris en charge par d’autres conventions plus spécifiques : la sous-facturation, la surfacturation, les fausses déclarations d’origine, de quantité, des détournements de marchandises de leur destination privilégiée, le trafic des véhicules volés, la contrebande d’alcool, de cigarettes, d’armes, le trafic illicite des drogues, la délinquance électronique, les droits de propriété intellectuelle, les espèces de faune et de flore en voie d’extinction".
HAROUNA FALL
 
 

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