vendredi 10 mai 2013

4EME JET: Les circuits (phases) du blanchiment



« La première phase : le placement. Contrairement aux délits sous-jacents, la blanchiment de l’argent est processus dynamique à trois phases : le placement, l’empilage et l’intégration. Chacune de ces phases est innocente en soi, mais prises ensemble, elles constituent une tentative de dissimulation du profit tiré d’une activité délictueuse. La première phase : le placement (conversion des espèces). Elle est aussi appelée immersion ou prélavage. Elle consiste à placer, par diverses techniques les unes plus sophistiquées que les autres, de l’argent liquide dans le système bancaire, en dissimulant son origine illégale. C’est la phase la plus vulnérable et la plus risquée pour le criminel. C’est la raison pour laquelle, celui-ci fait appel à différentes techniques pour masquer l’origine illicite de l’argent. Parmi celles-ci, il y a
Le fractionnement des dépôts bancaires appelés aussi « schtroumpfage ». Les énormes sommes d’argent tirées de l’activité illégale sont fractionnées en sommes plus petites, qui seront par la suite déposées dans un compte bancaire. Il est fait appel à des personnes anodines appelés « schtroumphf » pour les dépôts.
La déclaration de faux gains aux jeux. Cette technique consiste à acheter des plaques de jeux au casino avec de l’argent liquide tiré d’une activité illégale, puis, à les convertir plus tard en argent que l’on fait croire avoir gagné au casino.
L’achat de biens de luxe au comptant. Ici, des objets de luxe (voitures, objets d’art, bijoux, équipements électroniques, bateaux, etc.) sont achetés et payés en espèces. Ils sont utilisés ou revendus plus tard. Dans certains cas, ces biens sont enregistrés au nom d’amis ou de parents. Il y a une variante de cette technique qui s’appelle « la fourmi japonaise », elle consiste à remettre des sommes d’argent d’origine criminelle à plusieurs complices qui achètent des bijoux, des parfums, des sacs de luxe à Paris par exemple. Ces articles sont commercialisés plus tard au Japon comme « article de luxe » dans des boutiques de luxe appartenant au trafiquant.
L’amalgame entre argent sale et les recettes d’une entreprise légale. Avec cette technique, les criminels achètent des commerces tels que des pizzerias, boulangeries, bijouteries, casinos, hôtels, restaurants, grandes surfaces de commerce. L’argent d’origine criminelle est mélangé avec la caisse et une tricherie est opérée sur la comptabilité.
L’envoi fictif de l’argent à l’étranger. Cette méthode consiste à se présenter à la Poste par exemple, avec une somme d’argent inférieure au seuil de la déclaration de soupçon et à demander à l’envoyer par mandat au crédit d’une personne fictive qui serait établie dans un autre pays. Au bout de quelques semaines, personne n’étant venue retirer l’argent au bureau de poste du destinataire, on demande le remboursement du mandat qui s’effectuera par un chèque tiré sur le Trésor public.
La technique du « Hawala ». Elle est utilisée dans des communautés très soudées (groupe ethniques, bandes organisées, confréries) et désigne toute opération commerciale ou financière informelle basée sur la confiance et fonctionnant en dehors de tout cadre juridique. Les transactions ne sont pas enregistrées et ne laissent donc pas de trace.
L’auto-prêt, avec cette technique, le trafiquant remet à un complice une somme d’argent illicite. Le complice « lui prête » une somme équivalente, documents à l’appui, pour créer l’illusion que l’argent du criminel est légitime. Le calendrier de remboursement de l’emprunt par le criminel ajoute à l’apparence de légitimité de la combine.
L’assurance-vie. Cette technique consiste à souscrire des contrats d’assurance-vie pour des primes très élevées. Au bout de quelques mois, on fait annuler le contrat pour toucher des sommes beaucoup moins élevées.
La deuxième phase : l’empilage (dissimulation des ressources) cette phase est appelée « dispersion » ou « brassage ». L’argent sale ayant été déposé sur un compte en banque sans éveiller de soupçon, il faut désormais brouiller les pistes. L’empilage consiste donc à éloigner les revenus illicites de leurs sources à travers une série de transactions financières qui, par leur complexité et leur opacité, permettent de masquer l’origine des fonds initialement placées.
Plusieurs techniques sont également utilisées dans cette phase.
La valse des transferts bancaires. L’argent sale est transféré de comptes en comptes, entre des banques de plus en plus renommées. Ainsi, à partir d’un compte sur un paradis fiscal, l’argent va être viré sur un compte d’une petite banque étrangère, puis sur un autre compte étranger et ainsi de suite. Chaque banque se couvre de la respectabilité de la banque précédente. Le but est de faire en sorte qu’il soit très difficile pour un enquêteur de faire le lien entre le dépositaire final du compte et l’origine des fonds. Cette technique est facilitée par l’opacité et la rapidité des systèmes de transferts bancaires, notamment ceux gérés par l’organisme SWIFT.
Les services sur internet. Les services en ligne sur internet permettent de déculper les possibilités de blanchiment. Le principe est le même que pour les casinos, les restaurants. Mais cette fois-ci, les transactions bancaires remplacent l’argent liquide.
La 3ème phase : l’intégration (absorption dans des circuits légaux). Cette phase appelée également « essorage» ou « recyclage » est l’étape finale. Ce dernier maillon de la chaîne consiste à conférer une apparence légitime aux gains provenant d’activités illicites. Les fonds sont réintroduits dans l’économie légitime où ils vont se mélanger à des fonds d’origine licite donnant ainsi l’apparence de provenir d’une activité économique normale. Sur le plan international, essorer de l’argent blanchi est un jeu d’enfant pour les spécialistes financiers. La mondialisation offre de multiples possibilités pour l’investissement de capitaux devenus propres ».
(Source livre du colonel Abdoulaye Oumar Dieng sur le blanchiment)

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