mercredi 26 juin 2013

Thione Niang à Barack Obama: Lettre du 18 Juin 2013

 
 
 
 
Le 18 juin 2013
President Barack Obama
La Maison Blanche
1600 Pennsylvania Avenue, N.W.
Washington, DC 20500
Cher Mr. President:
Permettez-moi d’abord de vous remercier pour le leadership exemplaire que vous ne cessez d’offrir à notre grande nation. Comme par le passé, je reste déterminé à travailler avec vous et l’Administration pour promouvoir des politiques qui offriront aux Américains plus d’opportunités pour améliorer leur qualité de vie et démontrer notre engagement à promouvoir la paix et le développement dans la communauté mondiale.
En tant que sénégalo-américain et me rendant fréquemment dans mon pays d’origine pour y inspirer les jeunes, je veux que vous sachiez que votre présence dans cette région aura un effet absolument transformant pour les jeunes. J’ai eu le privilège de partager mon histoire en Amérique, le fait d’avoir travaillé pour vous lors de vos deux campagnes et de m’engager auprès des jeunes au Sénégal et à travers le continent africain – vous leur donnez l’espoir et les inspirez au-delà de leurs plus folles imaginations.
Depuis l’élection de novembre 2012, j’ai passé beaucoup de temps à travailler dans toute l’Afrique sub-saharienne et à rencontrer les dirigeants africains, les organisations de la société civile et des jeunes. Ces voix africaines ont partagé leurs espoirs et ont discuté de leurs problèmes et du rôle que les Etats-Unis pourraient jouer en tant que partenaires pour promouvoir la paix, le développement et la sécurité sur le continent africain.
Là-bas, j’ai visité de nombreuses universités et passé beaucoup de temps à écouter les jeunes, l’avenir du continent.
L’objectif principal de cette lettre est de partager les leçons tirées des discussions sur le terrain au cours des sept derniers mois. Une attention particulière est accordée au rôle de la jeunesse dans l’avenir de l’Afrique et à l’importance que je vous invite à donner aux questions qui touchent la jeunesse africaine et leur potentiel pour contribuer à la croissance et au développement du continent.
Votre voyage se déroule au moment où aux États-Unis les partenariats avec l’Afrique font partis des sujets phares, notamment concernant l’augmentation des investissements des États-Unis en Afrique, les partenariats bilatéraux, la sécurité, les infrastructures et le commerce. Huit des dix économies les plus dynamiques du monde se trouvent en Afrique. Selon la Fondation Mo Ibrahim, «L’Afrique est le seul continent dont le nombre de jeune croît significativement. Dans moins de trois générations, 41% de la jeunesse du monde sera africaine. D’ici 2035, la population active de l’Afrique sera plus grande que celle de la Chine. »
Aujourd’hui, environ soixante-cinq (65) pour cent de la population d’Afrique sub-saharienne est âgée de moins de 35 ans et cinquante (50) pour cent, au sein de ce groupe d’âge est au chômage. Beaucoup sont livrés à eux-mêmes sans les moyens suffisants pour vivre. Alors que la jeunesse africaine peut-être invisible pour beaucoup, leur rôle est un élément essentiel et central dans l’avenir du continent. Beaucoup n’ont pas accès aux opportunités, sans espoir et sans accès à ce que Dieu nous a donné. Le temps est venu de répondre positivement
et de manière appropriée à leur besoin d’accéder à des opportunités, à l’éducation, à un environnement sûr et sécurisé à partir duquel apprendre, vivre, grandir et travailler.
Monsieur le Président, je recommande que vous utilisiez votre voyage historique en Afrique pour mettre en évidence la nécessité d’autonomisation des jeunes africains et d’encourager les gouvernements africains et leurs dirigeants à utiliser leurs ressources pour garantir l’accès à l’éducation pour tous les enfants de leurs pays respectifs.
Pour beaucoup de jeunes dans les pays africains, l’accès à l’éducation reste un rêve inaccessible, car la majorité de ceux qui ont eu la chance d’avoir un tel accès constate qu’ils doivent le faire dans des conditions très difficiles. Par exemple, lors de ma visite à Dakar, au Sénégal, le mois dernier, j’ai rencontré une jeune femme inscrite à l’Université Cheikh Anta Diop, une université conçue pour accueillir 35.000 étudiants, mais en accueillant actuellement 85,000. Elle est la première de sa famille à venir du village pour aller à l’université. En raison de la surpopulation, les élèves doivent s’asseoir sur le sol, s’ils souhaitent assister aux cours. Dans un autre pays, une étudiante m’a demandé comment elle serait en mesure de poursuivre ses études sans avoir de quoi manger. Aissatou, une étudiante, a indiqué qu’elle n’avait pas mangé depuis deux jours. Elle m’a dit ce qui suit: «Je n’ai rien à manger, je ne peux pas acheter mes fournitures scolaires et aucun des membres de ma famille ne peut se le permettre ».Monsieur le Président, j’ai rencontré beaucoup d’Aissatou en Afrique.
Les étudiants n’ont pas accès à des bibliothèques, à des livres et aux autres données fondamentales nécessaires à l’éducation. Le continent africain ne se développera pas si nous n’investissons pas dans l’éducation de nos jeunes. Ils seront les leaders de demain et doivent être prêts à concourir localement et internationalement.
Monsieur le Président, pouvez-vous imaginer combien de jeunes gens sont là, en Afrique, et qui ont le potentiel pour devenir comme vous? Le malheur est que beaucoup trop d’entre eux n’auront jamais accès aux possibilités d’atteindre leur plein potentiel. Nous les perdons. Ils sont désespérés. Certains prennent des risques en bateaux dans des eaux dangereuses en direction de l’Europe. Beaucoup d’entre eux sont morts pendant le voyage à la recherche d’une vie meilleure, d’un avenir meilleur. Ces choses se produisent pendant que vous lisez cette lettre. Le plus triste est que l’Afrique possède d’abondantes ressources naturelles et un capital humain important, et pourtant, ses citoyens ne peuvent pas se permettre d’avoir une éducation ou une vie décente. Beaucoup vivent avec moins d’un dollar par jour. Avec Give1Project, nous continuons à travailler avec les jeunes d’Afrique par la promotion de l’esprit d’entreprise, la formation éthique de développement du leadership et des initiatives d’émancipation. À la suite de séances de formation en leadership offertes par l’organisme, les jeunes de Lakossa au Bénin ont eux-mêmes obtenu un financement et ont construit une école pour les jeunes enfants dans leurs communautés. Ils ont depuis développé 40 projets en un an qui ont touché la vie de plus de 15.000 personnes dans leur communauté.
Cependant, Monsieur le Président, les réalités africaines et le futur du continent demandent que tous ses enfants aient un accès égal à l’éducation. Sans cela, seul un très petit nombre bénéficiera des ressources du continent et seuls quelques-uns seront en mesure de contribuer à son développement. Seuls les riches deviendront plus riches. En mettant l’accent sur l’éducation de tous les jeunes du continent, nous allons équiper ses nations à gérer leur propre développement.
Le rôle et l’éducation des filles sont d’importants problémes en Afrique. Les filles n’ont tout simplement pas les mêmes chances de réussir. Si nous sommes sérieux au sujet de l’évolution du continent et même du monde, nous devons éduquer et élever nos jeunes femmes au même niveau. Il n’existe pas de nation qui peut se développer sans le développement de la parité entre les sexes, parmi les jeunes dont la nature nous dote.
Monsieur le Président, je vous remercie d’avance pour votre considération. J’espère que cette lettre vous poussera à aborder le rôle de la jeunesse de l’Afrique dans son développement et la nécessité de lui assurer l’accès à l’éducation pour gérer efficacement ses ressources et son développement. L’accès à l’éducation doit être assuré pour la masse de jeunes et de filles au même titre qu’il est garanti pour les enfants des élites.
Respectueusement,
Thione Niang
Give1 Project – Founder/President


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