mercredi 26 juin 2013

EXCLUSIF: LETTRE OUVERTE DE BARA GAYE A BARACK OBAMA DEPUIS LA PRISON DE REBEUSS


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«Avec 3dollars, la jeunesse africaine fera des miracles et des exploits »

MONSIEUR LE PRESIDENT,

Il était prévu que vous rencontriez quelques représentants de jeunes leaders africains durant votre séjour dans notre continent. Seulement, mes chances de participer à ce conclave, en tant que Secrétaire général du conseil national de la jeunesse du Sénégal, lors de votre séjour à Dakar, se sont envolées depuis mon emprisonnement, le 27 mai 2013 à la prison de Rebeuss. Je suis en prison pour un présumé délit d’offense au Chef de l’Etat. Ce délit puni par l’article 80 du code pénal sénégalais est un héritage de la France colonisatrice. Compte tenu de son caractère obsolète et de son inadaptation dans une démocratie moderne, la République française l’a abrogé. Mieux, le Sénégal, en 2008, avait souscrit à des engagements devant le conseil des droits de l’homme des Nations Unies à l’occasion de l’examen périodique universel pour l’abrogation de l’article 80.

En dépit de cela, je suis, aujourd’hui, emprisonné arbitrairement par celui, en qui le Peuple sénégalais portait un espoir démesuré en l’élisant avec 65% des voix. Malheureusement, le Président Macky Sall est en train de trahir l’espoir de ce Peuple qui, au passé glorieux, souffre profondément. Les pathologies sont nombreuses :

.La lancinante question de l’électricité, pourtant solutionnée par le régime libéral, suivant un plan dénommé «Takkal», constitue aujourd’hui le problème majeur de nos concitoyens. Dans la banlieue dakaroise et à l’intérieur du pays, le rationnement de l’électricité se fait un jour sur deux. .

.Les ménages deviennent de plus en plus pauvres.

.Les dignitaires de l’ancien régime sont aujourd’hui traités comme des mal propres, diabolisés devant l’opinion, traqués par la police, la gendarmerie, la douane, les experts évaluateurs, les juridictions ordinaires et d’exception.

PRESIDENT OBAMA,

Les assertions les mieux partagées aujourd’hui au Sénégal sont : « Rewmi Doxul (le pays ne marche pas)», «Xaliss Amul (l’argent ne circule plus)» et « Rewmi Mo Macky (le pays va mal)». Au regard de toutes ces considérations, le Chef de l’Etat nous sert comme réponse que c’est l’argent sale qui ne circule plus tout en oubliant qu’il a fait sa fortune grâce à l’ancien régime dans lequel, il a occupé les fonctions suivantes : DG, Ministre, Ministre d’Etat, Premier Ministre et Président de l’Assemblée Nationale.

PRESIDENT OBAMA,

Vous arrivez dans un pays où la société est en panne parce qu’une société en panne c’est une société qui ne fait pas rêver, un pays en pénurie d’eau, et d’électricité, trempé dans un regain de violence et de criminalité, une campagne agricole désastreuse.

Dear OBAMA,

Vous séjournez dans un pays qui connait une baisse de ses  importations de 35%  tandis que 75% de sa jeunesse (18-35ans) sont en chômage. C’est la grande dépression nationale, 15 mois seulement après la 2nde alternance démocratique.

PRESIDENT OBAMA,

Vous venez, tout de même, dans un pays qui est une vitrine de la démocratique en Afrique. Cependant, je vous invite  à entrer dans l’antichambre de cette vitrine.

Le 1er Président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor nous a appris la Nuance, son successeur Abdou DIOUF nous a appris l’élégance en République. Le Président Me Abdoulaye WADE nous a appris l’Audace. C’est lui qui a décomplexé  les sénégalais à travers des réalisations de haute facture et d’un leadership international affirmé. Quant au Président Macky Sall, le Peuple attend toujours qu’il pose des actes forts et révolutionnaires pour entrer dans l’histoire. La rupture tant vantée est pour le moment introuvable.

PRESIDENT OBAMA,

La jeunesse africaine perd de plus en plus ses repères compte tenu du comportement de nos dirigeants, qui, en cherchant le pouvoir se comportent comme des démocrates mais une fois au pouvoir ont tendance à  oublier le peuple souverain tendent vers une confusion entre la famille et la République d’une part et les partisans de la République d’autre part. Au Sénégal, Macky Sall, alors candidat à la présidentielle, avait promis 500 000 emplois à la jeunesse de mon pays soit 100 000 emplois/an. Bientôt deux ans de pouvoir, nous n’en sommes qu’à 1 200 emplois promis dans la Fonction Publique pour ne pas dire zéro emploi. Aveu d’impuissance !

N’est-ce pas vous qui disiez lors de votre passage à Accra que «l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’Institutions fortes» ?

En votre qualité de leader du G8 et du G20, vous savez que les effets néfastes de la crise économique et financière sans précédent sont plus ressentis en Afrique au sud du Sahara qu’ailleurs. En attestent l’immigration clandestine, qui a enregistré des dizaines de milliers de morts de jeunes africains, la fuite des cerveaux vers des horizons, pourtant souvent  incertains, la recrudescence de la criminalité en Afrique, les émeutes de la faim et autres guerres tribales, les enfants soldats, le narco terrorisme, les épidémies et pandémies etc.

PRESIDENT OBAMA,

Plusieurs de vos homologues africains à qui, vous rendez visite, pour des considérations purement politiciennes, font croire à leurs peuples que vous êtes le messie pour booster leur développement. Pourtant, l’Afrique, berceau de l’humanité, est sans doute l’avenir de la planète pour ses réserves inépuisables en termes de ressources humaines et naturelles.

Le maitre en politique de Macky Sall, Me Abdoulaye Wade disait : «la disponibilité de ma jeunesse vaut mieux que les milliards de l’étranger». Parce que justement cette jeunesse a été à la tête de pont de l’élan populaire qui l’a libéré de prison durant le règne du parti socialiste puis, l’a porté au pouvoir en 2000. Ce vaillant intellectuel, panafricaniste, ce bâtisseur du Sénégal moderne dont les œuvres restent à jamais graver en lettre d’or dans la mémoire collective pour la postérité, a vu juste en considérant la jeunesse africaine comme le terreau fertile des espérances surgies de l’Union africaine dont il a toujours rêvé. Dans ce contexte actuel marqué par la mondialisation et la globalisation, nous pensons que l’Afrique doit faire son introspection pour ne pas rater le «rendez vous» du donné et du recevoir. En conséquence, il est de votre devoir, Président Obama, d’aider la jeunesse actuelle et future de l’Afrique à se départir de ce complexe de supériorité vis-à-vis de l’Occident. Vous, pays développés, aidez nous à nous prendre en charge, à donner l’espoir à la jeunesse africaine, à exploiter nos propres ressources pour en tirer le maximum de profit. Aidez à mettre un terme aux guerres et conflits qui constituent un frein au développement. Vous, pays développés, aidez nous à stopper la fuite des cerveaux et à assurer un transfert de technologie.

Pour conclure, Monsieur le Président, je voudrais vous faire quelques propositions :

1-Réfléchir sur la tenue d’une conférence internationale, sous l’égide des nations unis, sur l’emploi des jeunes en Afrique

2-Examiner l’idée d’une organisation des Nations Unies pour l’emploi des jeunes et pour le financement des projets de jeunes des pays pauvres très endettés (Pppte)

3-Mobiliser trois (3) dollars sur chaque billet d’avion en destination de l’Afrique pour financer l’emploi, la formation etc.

4-Prélever et mobiliser trois (3) dollars sur chaque transaction bancaire liée au continent africain pour lutter contre la mortalité infantile, les développements des technologies de l’information et de la communication, et la réinsertion des enfants soldats dans la société africaine.

Avec trois (3) dollars, la jeunesse africaine fera des miracles et des exploits. La révolution dans ces modes de financements que je viens de vous proposer est le fait que pour une fois, cela ne sera pas une aide bilatérale moins multilatérale mais une sorte de contribution des populations du Nord vers celles du Sud.

Voilà, Monsieur le Président, le message de la jeunesse africaine que j’ai pu vous délivrer depuis ma cellule à la prison de Rebeuss.

Espérant que les retombées de votre voyage seront supérieures à celles obtenues de votre prédécesseur Georges W. Bush qui a réussi à faire du concret dans les échanges commerciaux entre l’Afrique et les Etats Unis d’Amérique.

VIVE LE SENEGAL,

VIVE L’AFRIQUE !

 

BARA GAYE, secrétaire général national de l’union des jeunesses travaillistes libérales (Ujtl), secrétaire général du conseil national de la jeunesse du Sénégal, ancien ministre conseiller du Président Abdoulaye Wade

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