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«Avec
3dollars, la jeunesse africaine fera des miracles et des exploits »
Il était prévu que
vous rencontriez quelques représentants de jeunes leaders africains durant
votre séjour dans notre continent. Seulement, mes chances de participer à ce
conclave, en tant que Secrétaire général du conseil national de la jeunesse du
Sénégal, lors de votre séjour à Dakar, se sont envolées depuis mon
emprisonnement, le 27 mai 2013 à la prison de Rebeuss. Je suis en prison pour
un présumé délit d’offense au Chef de l’Etat. Ce délit puni par l’article 80 du
code pénal sénégalais est un héritage de la France colonisatrice. Compte tenu
de son caractère obsolète et de son inadaptation dans une démocratie moderne,
la République française l’a abrogé. Mieux, le Sénégal, en 2008, avait souscrit à
des engagements devant le conseil des droits de l’homme des Nations Unies à
l’occasion de l’examen périodique universel pour l’abrogation de l’article 80.
En dépit de cela,
je suis, aujourd’hui, emprisonné arbitrairement par celui, en qui le Peuple
sénégalais portait un espoir démesuré en l’élisant avec 65% des voix.
Malheureusement, le Président Macky Sall est en train de trahir l’espoir de ce
Peuple qui, au passé glorieux, souffre profondément. Les pathologies sont
nombreuses :
.La lancinante question de
l’électricité, pourtant solutionnée par le régime libéral, suivant un plan
dénommé «Takkal», constitue aujourd’hui le problème majeur de nos concitoyens.
Dans la banlieue dakaroise et à l’intérieur du pays, le rationnement de
l’électricité se fait un jour sur deux. .
.Les ménages deviennent de plus
en plus pauvres.
.Les dignitaires de l’ancien
régime sont aujourd’hui traités comme des mal propres, diabolisés devant
l’opinion, traqués par la police, la gendarmerie, la douane, les experts
évaluateurs, les juridictions ordinaires et d’exception.
PRESIDENT
OBAMA,
Les assertions les
mieux partagées aujourd’hui au Sénégal sont : « Rewmi Doxul (le pays
ne marche pas)», «Xaliss Amul (l’argent ne circule plus)» et « Rewmi Mo
Macky (le pays va mal)». Au regard de toutes ces considérations, le Chef de
l’Etat nous sert comme réponse que c’est l’argent sale qui ne circule plus tout
en oubliant qu’il a fait sa fortune grâce à l’ancien régime dans lequel, il a occupé
les fonctions suivantes : DG, Ministre, Ministre d’Etat, Premier Ministre
et Président de l’Assemblée Nationale.
PRESIDENT
OBAMA,
Vous arrivez dans
un pays où la société est en panne parce qu’une société en panne c’est une
société qui ne fait pas rêver, un pays en pénurie d’eau, et d’électricité,
trempé dans un regain de violence et de criminalité, une campagne agricole
désastreuse.
Dear
OBAMA,
Vous séjournez dans
un pays qui connait une baisse de ses
importations de 35% tandis que
75% de sa jeunesse (18-35ans) sont en chômage. C’est la grande dépression
nationale, 15 mois seulement après la 2nde alternance démocratique.
PRESIDENT
OBAMA,
Vous venez, tout de
même, dans un pays qui est une vitrine de la démocratique en Afrique. Cependant,
je vous invite à entrer dans
l’antichambre de cette vitrine.
Le 1er
Président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor nous a appris la Nuance, son
successeur Abdou DIOUF nous a appris l’élégance en République. Le Président Me
Abdoulaye WADE nous a appris l’Audace. C’est lui qui a décomplexé les sénégalais à travers des réalisations de
haute facture et d’un leadership international affirmé. Quant au Président
Macky Sall, le Peuple attend toujours qu’il pose des actes forts et
révolutionnaires pour entrer dans l’histoire. La rupture tant vantée est pour
le moment introuvable.
PRESIDENT
OBAMA,
La jeunesse
africaine perd de plus en plus ses repères compte tenu du comportement de nos
dirigeants, qui, en cherchant le pouvoir se comportent comme des démocrates
mais une fois au pouvoir ont tendance à
oublier le peuple souverain tendent vers une confusion entre la famille
et la République d’une part et les partisans de la République d’autre part. Au
Sénégal, Macky Sall, alors candidat à la présidentielle, avait promis
500 000 emplois à la jeunesse de mon pays soit 100 000 emplois/an.
Bientôt deux ans de pouvoir, nous n’en sommes qu’à 1 200 emplois promis
dans la Fonction Publique pour ne pas dire zéro emploi. Aveu
d’impuissance !
N’est-ce pas vous
qui disiez lors de votre passage à Accra que «l’Afrique n’a pas besoin
d’hommes forts mais d’Institutions fortes» ?
En votre qualité de
leader du G8 et du G20, vous savez que les effets néfastes de la crise
économique et financière sans précédent sont plus ressentis en Afrique au sud
du Sahara qu’ailleurs. En attestent l’immigration clandestine,
qui a enregistré des dizaines de milliers de morts de jeunes africains, la
fuite des cerveaux vers des horizons, pourtant souvent incertains, la recrudescence de la
criminalité en Afrique, les émeutes de la faim et autres guerres tribales, les
enfants soldats, le narco terrorisme, les épidémies et pandémies etc.
PRESIDENT
OBAMA,
Plusieurs de vos homologues
africains à qui, vous rendez visite, pour des considérations purement politiciennes,
font croire à leurs peuples que vous êtes le messie pour booster leur
développement. Pourtant, l’Afrique, berceau de l’humanité, est sans doute
l’avenir de la planète pour ses réserves inépuisables en termes de ressources
humaines et naturelles.
Le maitre en politique de Macky
Sall, Me Abdoulaye Wade disait : «la disponibilité de ma jeunesse vaut
mieux que les milliards de l’étranger». Parce que justement cette jeunesse a
été à la tête de pont de l’élan populaire qui l’a libéré de prison durant le
règne du parti socialiste puis, l’a porté au pouvoir en 2000. Ce vaillant
intellectuel, panafricaniste, ce bâtisseur du Sénégal moderne dont les œuvres
restent à jamais graver en lettre d’or dans la mémoire collective pour la
postérité, a vu juste en considérant la jeunesse africaine comme le terreau
fertile des espérances surgies de l’Union africaine dont il a toujours rêvé.
Dans ce contexte actuel marqué par la mondialisation et la globalisation, nous
pensons que l’Afrique doit faire son introspection pour ne pas rater le «rendez
vous» du donné et du recevoir. En conséquence, il est de votre devoir,
Président Obama, d’aider la jeunesse actuelle et future de l’Afrique à se
départir de ce complexe de supériorité vis-à-vis de l’Occident. Vous, pays développés,
aidez nous à nous prendre en charge, à donner l’espoir à la jeunesse africaine,
à exploiter nos propres ressources pour en tirer le maximum de profit. Aidez à
mettre un terme aux guerres et conflits qui constituent un frein au
développement. Vous, pays développés, aidez nous à stopper la fuite des
cerveaux et à assurer un transfert de technologie.
Pour conclure, Monsieur le
Président, je voudrais vous faire quelques propositions :
1-Réfléchir sur la tenue d’une
conférence internationale, sous l’égide des nations unis, sur l’emploi des
jeunes en Afrique
2-Examiner l’idée d’une
organisation des Nations Unies pour l’emploi des jeunes et pour le financement
des projets de jeunes des pays pauvres très endettés (Pppte)
3-Mobiliser trois (3) dollars
sur chaque billet d’avion en destination de l’Afrique pour financer l’emploi,
la formation etc.
4-Prélever et mobiliser trois
(3) dollars sur chaque transaction bancaire liée au continent africain pour
lutter contre la mortalité infantile, les développements des technologies de
l’information et de la communication, et la réinsertion des enfants soldats
dans la société africaine.
Avec trois (3) dollars, la
jeunesse africaine fera des miracles et des exploits. La révolution dans ces
modes de financements que je viens de vous proposer est le fait que pour une
fois, cela ne sera pas une aide bilatérale moins multilatérale mais une sorte
de contribution des populations du Nord vers celles du Sud.
Voilà, Monsieur le Président,
le message de la jeunesse africaine que j’ai pu vous délivrer depuis ma cellule
à la prison de Rebeuss.
Espérant que les retombées de
votre voyage seront supérieures à celles obtenues de votre prédécesseur Georges
W. Bush qui a réussi à faire du concret dans les échanges commerciaux entre
l’Afrique et les Etats Unis d’Amérique.
VIVE LE
SENEGAL,
VIVE
L’AFRIQUE !
BARA
GAYE, secrétaire général national de l’union des jeunesses travaillistes
libérales (Ujtl), secrétaire général du conseil national de la jeunesse du
Sénégal, ancien ministre conseiller du Président Abdoulaye Wade
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