lundi 25 février 2013

Parc Niokoloba: Un bijou à l'agonie

PARC NATIONAL NIOKOLOKOBA

Un bijou à l’agonie
 

Couvrant une superficie de plus de 900 000 hectares, le parc du Niokolo-Koba offre un paysage riche et très varié, où se concentrent presque toutes les espèces végétales et animales des savanes de l’Ouest africain. Faute de moyens conséquents (comme l’explique le capitaine Mamadou Sidibé, par ailleurs conservateur du PNNK : lire entretien) pour faire aux multiples agressions dont il fait l’objet, le parc est en voie de mourir de sa belle mort.  Voyage dans cet univers à la fois paradisiaque et sauvage.
Jeudi 24 février 2011. Après une nuit entière de voyage pour rallier Tambacounda, distante de 500 Km de Dakar, nous arrivons à destination aux environs de 5 heures du matin. Après quelques heures de somme à l’hôtel Asta Kébé, nous reprenons la route à 11 heures, direction Niokolokoba. En cette matinée ensoleillée du vendredi, la température avoisine les 35°. Les travaux en cours à la sortie de Tamba vers Kédougou, nous emmène à emprunter une piste sur quelques 10 km avant de reprendre le goudron. A cette période de l’année, tout est sec. La paille est à perte de vue. Les animaux en divagation s’en donnent à cœur joie. Après quelques trente minutes, le premier village nous ouvre les bras.  Amdallaye avec ses cases. Puis Missirah et ses ânes. Wassadou et son pont. Et enfin Dialakoto et Daresalam où nous faisons halte au premier poste de garde avant d’entrer dans la zone du parc Niokolokoba. Nous en profitons pour émettre des appels d’urgence. Puisque une fois cette le portail franchi, nous serons dans une zone de non-couverture. Nous entrons dans la forêt. Et c’est parti pour 40 km de pistes. D’enfer. Le véhicule roule presque au ralenti tellement l’état de la piste est chaotique. A la moindre fausse manœuvre, le pire peut arriver. On roule la peur au ventre. Entre le poste de départ et l’arrivée à Simenti, on peut tomber à tout moment. Après quelques minutes de piste, nous voici à Badi. Nous tombons sur un groupe de de Cob de buffon. Puis la « Boucle du décembre ». On l’appelle ainsi, explique un agent du parc parce que « Nous sommes tombés sur une dizaine de braconniers qui sont entrés dans le parc au niveau de l’ancien poste de Badi en 1997. Nous étions une brigade de quinze personnes et deux chefs de groupe. Nous avions fait une patrouille de 15 Km et nous étions tombés sur ces braconniers. Ils étaient armés. Nous avons échangé des tirs avec lui. Nous avons arrêté certains d’entre eux avec leur matériel. Le chef a fait un tir de sommation, ils ont riposté. Après il y a eu des échanges de tirs qui s’est soldé par des blessés de part et d’autre » se souvient-il. Puis la marre de Simenti où les animaux très tôt le matin et au coucher du soleil viennent s’abreuver. C’est le moment choisi pour les touristes et autres visiteurs locaux pour venir contempler le beau paysage et les belles images qu’offrent ces animaux dans leur milieu naturel. Après deux heures de pistes, nous arrivons au poste de Simenti. Où les singes nous réservent un accueil sympathique. Le visiteur qui débarque dans cet endroit, a l’impression que ces singes sont élevés par les agents du parc. « Non, ils viennent de la brousse » nous signale-t-on. « Et gardez bien vos bagages. Sinon ils volent vos affaires » avertit un agent qui est venu nous aider à déposer nos bagages. Nous sommes dans un autre monde alors. Rien que des arbres touffus. Les chants des oiseaux bercent le visiteurs. Et invite au repos. « Inscrit comme site du Patrimoine mondial et Réserve de la biosphère internationale, le parc compte près de 350 espèces d’oiseaux et 80 espèces de mammifères, notamment des lions, des léopards et quelques éléphants. On peut y trouver également des antilopes, des singes, des phacochères, des babouins, des buffles, ainsi que des hippopotames et crocodiles dans les cours d’eau » nous confie un agent du parc. Le lendemain, une visite de certains coins est organisé avec les autorités. Le long de la route qui nous mène au Guet de Damanta, les paysages sont très contrastés : une savane boisée, une immense étendue marécageuse, forêt luxuriante, grandes plaines herbeuses… Le paysage est beau. Malgré les secousses liées à l’état piteux de la piste, nous tenons bon. « Près de 70 espèces de mammifères vivent dans cette zone protégée : antilopes, hippopotames, phacochères, babouins… On pourra aussi voir des crocodiles, des poissons, et 330 espèces d'oiseaux, dont les oies de Gambie, les grues couronnées, les jabirus » nous apprend-on durant la visite. Les problèmes du parc sont nombreux. Selon le Sous lieutenant Aliou Diallo : « Le parc est confronté au braconnage, la divagation du bétail, extraction de sable, exploitation de rôniers et de bambou ».  Et pour permettre aux agents de contourner ces problèmes, dit le lieutenant Sous lieutenant Diallo : « Il faut beaucoup de moyens financiers et humains. Pour une bonne surveillance du parc, il nous au moins un avion. Nous avons des véhicules 4X4. Mais ils ne sont pas adaptés. Il nous faut d’autres moyens pour parer à cela. Il nous faut au moins des avions et des hélico, pour au moins chaque semaine faire un survol ». Abondant dans le même sens, le Sous-lieutenant Sow, adjoint chef de zone Est, explique : « Nous sommes aussi des problèmes de mobilité. Il y a des marres envahis par des espèces végétales. Il nous faut de bonne pistes pour faire reculer l’ennemi ». Et de poursuivre : « Le parc est divisé en trois zones, la zone Est, la zone Centre et la Zone Ouest. Le parc est divisé en 17 postes de garde. Il y a la corniche qui occupait 4 à 5 postes stratégiques, qui sont fermés actuellement. La grande faune s’est repliée vers cette zone. Actuellement les braconniers font la chasse là-bas, c’est une zone un peu distante de nos zones, c’est vers la frontière avec la Guinée » renseigne-t-il. Autre problème relevé par le sous lieutenant Diallo, les populations aux alentours du parc. « Tant que les populations qui sont autour du parc, restent dans la situation de pauvreté, ces populations vont continuer à entrer dans le parc pour trouver des moyens de survie. C’est bien de donner de l’argent au parc, il faudra penser à ces populations pour que le braconnage cesse ». Avant de confier avec une lueur d’espoir sur le visage : « Il y a de cela deux semaines Ndlr : le 10 Février 2010,  nous avons vu des éléphants. Depuis dix ans nous n’en avions pas vu ». Cela, dit-il, «signifie qu’il y a de l’espoir».

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