La Police, les Partis
politiques et la Justice sont les institutions les plus corrompues. Dans le
secteur public, le niveau de corruption atteint les 90% et 61% des sénégalais
pensent que le niveau de la corruption a augmenté au Sénégal. Révélation faite
par le Forum civil à Dakar mardi dernier au cours du lancement du baromètre
mondial de la corruption 2013.
Institutions les plus
corrompues. Devant la presse, Cheikh Tidiane Sarr et
Ndongo Diaw, tous deux membres du Forum civil, ont indiqué que «114 270
personnes vivant dans 107 pays ont été enquêtées.» Sur une échelle de 1 à 5,
font observer les membres du Forum civil, «l’ampleur de la corruption dans le
secteur public atteint les 90%.» On apprend que la «Police, les Partis
politiques et la Justice» trônent en tête des institutions les plus corrompues
avec respectivement 4,1 pour les deux premiers et 4 pour la dernière. «L’Armée
avec 2, 3 reste l’institution la moins corrompue du pays.» Le sondage souligne
également que les «citoyens paient des pots-de-vin à hauteur de 59% au niveau
des Impôts, 55% dans les services de délivrance de permis, droits de timbres et
d’enregistrement et 54% au niveau de la Police.» Le foncier et le système de
santé ne sont concernés que pour respectivement 41 et 45%. Par ailleurs, «68%
des personnes interrogées jugent très inefficace le combat du gouvernement
contre la corruption.» Par contre, «70% d’entre elles apprécient positivement
l’implication des citoyens ordinaires dans cette lutte.»
Pour le cas spécifique
du Sénégal, informent-ils, «61% de citoyens sondés pensent que le niveau de la
corruption a augmenté au cours des 12 derniers mois.» 25% soutiennent
qu’ «il n’y a pas de changement» contre 14% qui estiment que la corruption
a baissé. Toujours selon la même enquête, «90% de femmes considèrent que la
corruption constitue un sérieux problème dans le secteur public, contre 88%
d’hommes.» Tous sexes confondus, ils sont à «70% convaincus de l’importance des
contacts personnels dans les transactions et dans le secteur public.»
Recommandations. Selon
le Forum civil, le «Sénégal jusqu’au 25 mars 2012 était dans une situation de
corruption endémique.» Cependant, nuance l’organisation, «avec l’avènement du
nouveau régime, des actes forts ont été posés dans le sens de la lutte contre ce
phénomène qui continue de gangréner l’économie nationale et de fragiliser les
institutions.» Parmi les avancées, le Forum civil cite les «lois portant
création du Code de transparence des finances publiques et de l’Office national
de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac).» Mais aussi la réactivation
de la Crei et la loi portant consolidation des prérogatives de la Cour des
comptes. Malgré tout, souligne le Forum civil, la «gouvernance vertueuse est
encore théorique et la majeure partie des populations juge que l’efficacité du
gouvernement dans la conduite des affaires publiques est également faible.»
Pour toutes ces raisons, l’organisation de Mouhamadou Mbodj recommande, entre
autres, aux autorités la «mise en place très rapide de l’Ofnac, l’adoption de
la loi sur le financement des partis politiques et les conflits d’intérêts.» Et
dénonce «toute tentative de médiation pénale sur la traque des biens mal
acquis», avant d’inviter «l’Etat à gérer de manière transparente l’argent reçu
de cette traque.»
Ce sondage a été effectué
entre septembre 2012 et mars 2013. Les entretiens ont été réalisés de manière
directe, par téléphone et par internet. L’enquête a été réalisée pour le compte
de Transparency international par l’entreprise Win/Gia, un réseau mondial
d’institut de sondage.
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