VISITE
DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE SENEGALAIS AUX ETATS UNIS
Macky
Sall, le bon élève d’Obama
Le
président sénégalais Macky Sall, hôte du président américain Barack Obama le 28
mars 2012. Son prédécesseur, Me Abdoulaye Wade, a été moins chanceux. Il avait fait, en vain, les pieds et des mains
pour se faire inviter à la table du président de la première puissance
mondiale. Le président Macky Sall a su vite assimilé la leçon du président
Barack Obama lors de son voyage au Ghana
le 11 juillet 2009.
La
visite du président sénégalais à la Maison Blanche, au-delà du prestige, elle
revêt un caractère symbolique. Pourquoi Barack Obama ouvre la porte de la
Maison Blanche à Macky Sall et l’a fermée à Me Abdoulaye Wade. Le président le
plus diplômé du Cap au Caire. Le grand intellectuel. Pour répondre à cette question, il faut remonter au
discours du président américain Barack Obama, devant le Parlement ghanéen le 11
juillet 2009. «Ne vous y trompez pas. l’histoire est du côté des courageux
Africains et non dans le camp de ceux qui se servent de coups d’Etat ou qui
modifient les constitutions pour rester au pouvoir. L’Afrique n’a pas besoin
d’hommes forts, mais de fortes institutions» lançait le président Obama à
l’endroit des dirigeants africains véreux. Un message que l’ancien président du
Sénégal, Me Abdoulaye Wade n’a pas su décrypter. Son projet de dévolution
monarchique du pouvoir, avec en toile de fond, le vote du projet de loi
instituant le ticket présidentiel, avec 25% des suffrages des électeurs pour
être élu au premier tour. Mais grâce à la vigilance de la société civile et la
détermination de la jeunesse et de l’opposition sénégalaises, qui sont sortis
en masse dans la rue le 23 juin 2011 défendre leur constitution, le président
Wade a reculé. Le projet de loi a été retiré du circuit. Malgré tout, il
revient à la charge en s’entêtant de se présenter pour un troisième mandat en
violation flagrante de la Constitution. Un troisième mandat du président Wade
avait dérouté la Maison Blanche. Qui n’a pas manqué à lui porter à sa
connaissance. Dans une correspondance adressée au Président de la République du
Sénégal, en décembre 2011, le sous secrétaire d'Etat aux affaires africaines,
Johnnie Carson a demandé à Me Abdoulaye Wade de « renoncer à se
présenter » à la l’élection présidentielle de Février 2012. Parce que sa
candidature serait « une source de déstabilisation du Sénégal ».
Audience du 28 mai 2010 (Bernicat-Wade). Les sénégalais se rappellent encore de l’audience
accordée par l’ex chef d’Etat, Me Abdoulaye Wade à l’ex ambassadrice des Usa au
Sénégal et en Guinée Bissau, Mme Marcia Bernicat, le vendredi 28 mai 2010. Le
président Wade avait, devant les caméras de la télévision nationale (Rts) dans
le Journal Télévisé (Jt) de 20 heures, fait une sortie musclée contre Mme Marcia Bernicat. Le Département d’Etat était
outré après cette sortie médiatique musclée du Président Wade. Il ne pouvait
pas comprendre que la Rts diffuse les séquences sur les attaques vertes et pas
mures du président Wade en passant sous silence les répliques salées de Mme
Bernicat lors de cette audience. La raison de cette colère noire de Me
Abdoulaye Wade contre les Usa, c’est le communiqué que l’ambassade des Usa à
Dakar a publié largement dans la presse sénégalaise du vendredi 28 mai 2010 sur
les préoccupations des autorités américaines, relatives à la corruption et aux
pillages des deniers publics. Une sortie qui avait installé un malaise entre le
Sénégal et les Usa. En Juin 2010, l’ambassadrice Mme Bernicat avait
été rappelée par le Département d’Etat américain pour voir plus clair sur son
face-à-face houleux avec le président sénégalais Me Abdoulaye Wade. Autre
élément qui a amené les Usa a fermé la porte de la Maison Blanche à l’ancien
président sénégalais, Me Abdoulaye Wade, ce sont les multiples atteintes à la
liberté de la presse depuis son accession au pouvoir. La convocation
intempestive des journalistes à la Division des investigations criminelles, les
agressions contre les journalistes (affaire Kambel Dieng et Kara Thioune) et
les attaques des sièges des organes de presse (affaire l’As et 24 heures
Chrono). Une situation qui a amené « Freedom House » a épinglé le
Sénégal dans son rapport de 2011 en le classant dans la zone jaune, réservée
aux pays où la liberté de la presse est mitigée et qui est bien visible sur la
carte de la situation de la presse dans le monde au Newseum à Washington Dc. Le
Président Macky Sall, qui vient de s’installer au pouvoir a posé des actes
forts qui rassurent les Etats Unis. Les réformes institutionnelles annoncées (réduction
de son mandat de 7 à 5 ans, la traque des biens mal acquis, la bonne
gouvernance) sont entre autres éléments qui fondent les américains à croire que
Macky Sall a su bien décrypter le message de Barack Obama à Accra le 11 juillet
2009.
La visite de travail en Juillet 2012, de l’ex-secrétaire d’Etat Hillary
Rodman Clinton à Dakar pour « saluer la démocratie sénégalaise et
renforcer les relations d’amitié et de coopération entre le deux pays » et
le discours de meilleurs vœux de l’année 2012 de l’ambassadeur des Usa à Dakar, Lewis Lukens, publié dans le Bulletin d’Information
de l’Ambassade des Etats Unis au Sénégal, dans lequel, il présentait le Sénégal comme « un modèle de bonne
gouvernance et de démocratie à l’œuvre en Afrique », annonçaient déjà la
couleur des bonnes dispositions de Washington à accueillir le président Macky
Sall. Le bon élève de Barack Obama.
HAROUNA FALL
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